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« J'ai vu un ange dans le marbre
et j'ai seulement ciselé jusqu'à l'en libérer. »

Michel-Ange 

De même lorsque ces mois aux joues rouges - avril et mai - regagnent en dansant le bois de l'hiver misanthrope, on voit le vieux chêne le plus dénudé, le plus rugueux, le plus frappé de foudre, faire éclore au moins quelques bourgeons verts en bienvenue pour ces visiteurs si joyeux; de même, finalement, Achab répondit aux charmes enjoués de cet air printanier. Plus d'une fois il fit éclore la fleur pâle d'un regard qui, chez  tout autre homme, aurait été sourire.

Moby Dick - Herman Melville
C'est un pari sur les îlots du Bien
perdus dans les océans du Mal
sur de nouvelles ressources de bonté
autres que celles des gisements fossiles
aujourd'hui presque épuisés
sur la plus petite lueur d'espoir
quand le maître désespoir
est en voie de coloniser l'esprit et la pensée
C'est un pari ardent, à contre-courant,
sur le rêve
Je dis bien le rêve, l'archaïque
Celui qui est né avec notre espèce
et ne pourra s'éteindre qu'avec elle.

Abdellatif Laâbi
Le Principe d'incertitude
(La Différence, 2016)
« Par beau temps sur le fleuve, il y a comme des diamants qui flottent, qui pétillent et qui rient. »
Sylvie Drapeau - Le fleuve
Que mes souvenirs vous plongent dans vos propres racines, qu'ils vous donnent envie d'aimer, de vibrer, de sentir la planète sous vos pieds et de faire des enfants. À qui vous parlerez, à votre tour, des lacs pour s'y baigner, des ciels remplis d'outardes, des matins bleus et des soirs roses, du parfum des arbres, de l'odeur des muguets, de la beauté d'un champ en labours, de la lumière de mai, du jaune des pissenlits. De l'air, vous leur parlerez de l'air propre et frais qu'on avale par goulées les jours de grands vents, sans peur, sans masque, à pleins poumons. Vos enfants écouteront ébahis, se demandant si vous êtes fous ou poètes ou juste menteurs. Mais le soir, dans leur lit, ils rêveront de cette planète que leur aïeule a habitée et le chaos commencera à s'effriter. C'est votre seul radeau. Mes souvenirs sont les vôtres, faites-en votre espoir, inventez-vous un monde qui se souvient de ses rêves. 

Louise Auger - Le dernier hiver
« Je n’en croyais pas mes yeux, quand j’ai vu ce qui luttait contre les mauvaises herbes pour gagner sa part de soleil : une pousse verte toute nouvelle, émergeant d’un amas de racines noircies, et qui portait déjà neuf de ces feuilles aromatiques si facilement reconnaissables. J’en ai pincé une pour être bien sûre, qui m’a laissé sur les doigts cette odeur de gingembre. »

Oswald Wynd
« dans le monde il y a différentes teintes de bleu, allant du terrible au tendre, j'ai peur d'en expérimenter les tiédeurs, si bien calibré je voudrais toujours frapper au cœur sans jamais traîner mon couteau dans les muscles de l'animal / dans le monde certaines forces veulent qu'on s'amenuise comme des continents érodés par la mer, qu'on s'éclipse au sein d'une grande-mémoire aveugle et intouchable / dans le monde tous les médicaments imaginables ne suffiraient à survivre une seule seconde, heureusement le bleu suffit, le bleu du ciel »  

Antoine Dumas,
Au monde inventaire
« Quand les corbeaux seront blancs, j'arrêterai de t'aimer. »

Kimberley, jeune poète innue de Mingan
« Comment vit-on quand chaque jour est un cadeau reçu au lever du soleil ?
On ouvre le présent avec plaisir, sans craindre qu’il ne s’abîme. »

Ginette Bureau